Au XlXe siècle

L'oeuvre magistrale de l'ingénieur LEFOUR

Les véritables débuts de la sélection datent du milieu du XIX' siécle, les premiers concours de reproducteurs apparaissant vers 1840. Dans le pays flamand, c'est la société d'agriculture, des sciences et  arts de Lille qui prend l'initiative en 1847 d'un concours ouvert aux bêtes de boucherie.

Peu de temps après, les comices locaux inaugurent les concours réservés à la Flamande qui joueront un rôle important sur le développement de la race.

A partir de cette époque. l'histoire de la flamande est bien connue grâce à M. LEFOUR Ingénieur du Ministère de l'Agriculture de Napoléon III à qui l'on commande une "description des espèces bovine, ovine et porcine de la France".

En fait, le premier volume consacré à la race flamande sera à notre connaissance le seul réalisé. Cet ouvrage rédigé en 1857 constitue une mine d'informations exceptionnelle sur l'agriculture et l'élevage du Nord de la France, de Paris à la frontière Belge.

Tous les domaines relatifs à la flamande et à l'élevage en général, y sont largement traités, alimentation, performances et effectifs de la race, productions fromagères et de viande, logements des animaux, aspects vétérinaires et études des coûts de revient des boeufs, vaches de réforme, veaux, etc.. Première initiation à la gestion technico-économique des exploitations, le LEFOUR demeure la principale oeuvre dédiée à la race et la plus complète.

 

LEFOUR et la plupart des auteurs du siècle rapportent l'extrême variété des sous-races flamandes que l'on rencontrait dans les diverses zones d'expansion de ce bétail de type laitier essentiellement rouge avec la persistance de taches blanches sur la tête, aux flancs, aux ars, au pis. Selon les régions naturelles, existaient différents phénotypes principalement dûs aux différences de régimes et de conditions d'élevage. On distinguait ainsi les sous-races Maroillaise, Arrageoise, Picarde, Saint-Poloise, Boulonnaise, Namponnaise, Berguenarde et Casseloise. Les migrations de taureaux issus du berceau de race vont rapidement effacer les nuances entre les prétendues sous-races et aboutir à l'unité génétique du cheptel flamand.

Pour l'aptitude laitière, LEFOUR attribue à une bonne flamande en pays d'herbage 2800 kg de lait sur une base de 101 par jour pendant les 210 jours du régime pastoral et 61 par jour pendant les cinq mois d'hiver (tarissement inclus). Ce lait alors réputé riche en caséïne a grandement contribué au dévelopernent de l'industrie fromagère. On l'associe historiquement à tous les fromages du Nord (Maroilles, Bergues) jusqu'au bassin parisien où le Brie partage son passé entre la Flamande et la Normande.

Autre auteur de l'époque, SANSON juge basse l'estimation de LEFOUR. Il considère que les lactations de 4001 en 340 jours sont monnaie courante dans les wateringues et dans la région de Lille où les fermes "laitières" achètent les "fraîches vélées" pour une conduite à l'étable intensive.

Les fromages dits de marolles étaient connus dès le XIXe siècle et les vendeurs à Paris en faisaient la promotion en débitant le quatrain suivant: "Pour faire trouver le vin bon et dire les bons mots et las fines paroIles au lieu de trenches de jambon presnes fromage de Marolles".

Les deux guerres mondiales ont véritablement porté un coup très sévère à la flamande qui a sûrement perdu 300 000 sujets entre 1915 et 1945.

Des efforts pour reconstituer le cheptel avaient cependant été entrepris entre les deux guerres notamment avec la réorganisation du Herd-Book.

Une Assemblée Générale des éleveurs des régions Nord Pas de Calais et Picardie, à Lille, le 6 octobre 1920, jetait en effet les bases d'un redémarrage de l'association aussitôt avorté par la seconde guerre mondiale,

A chaque nouvelle hécatombe, la reconstitution des élevages s'effectuait souvent à partir de bétail venu de l'étranger ou d'autres régions. Dès lors, la race hollandaise ne tardait pas à supplanter la flamande dans sa zone d'expansion privilégiée. L'inspecteur général de l'agriculture Quittet évaluait ce remplacement de la flamande dans les niveaux suivants:

Année

Races

1892

1913

1932

1943

Effectif Flamande

737 000

756 000

506 000

453 000

Effectif Hollandaise

33 000

-

565 000

840 000

Paradoxalement, cette période mouvementée fut aussi celle qui consacra la supériorité laitière de la flamande sur toutes les autres races.

Les premiers syndicats de contrôle laitier apparaissent en Flandre en 1923 et déjà le syndicat de la Flandre maritime et son Président Camille Schipman évaluent les progrès de productivité pour les meilleures vaches inscrites.

Sur un lot composé de 165 vaches dont 58 génisses, la production laitière passe de 4583 kg en 1927 à 4980 kg en 1931. Le taux de matières grasses suit la même progression avec 38.6 %, en 1927 et 39.1 %, en 1931.

Les concours laitiers beurriers se mettent en place, dans lesquels les meilleures génisses dépassent les 25 kg de lait et les meilleures vaches les 35 kg.

Lors du concours spécial d'Arras de 1938, un championnat beurrier inter-races place cinq flamandes avant la meilleure hollandaise. Le premier prix est attribué à Madelon à M. Henri Jessenne de Beaudricourt (62) qui produit 43,65 kg de lait et 2,135 kg de beurre en 24 h.

Mais dans les annales des meilleures carrières de la race flamande, la palme revient à la vache Victorieuse de M. Flauquet de Cauchy (80). Détentrice d'un record exceptionnel pour l'époque, cette championne des championnes affiche trois lactations consécutives au delà des 10 000 kg.

 

Jours

Kg de lait

Kg de beurre

Lactation de 1929-30

375

10 869

553.46

Lactation de 1930-31

360

11 765

588.80

Lactation de 1931-32

300

10 155

479.80

 

Son total s'établit à 54 179 kg de lait à 49,2‰, de matière grasse.

Dès lors, l'histoire de la race est jalonnée de vaches aux performances peu communes et les progrès dans la productivité s'accompagnent évidemment d'amélioration dans les poids des vaches (+ de 700 kg) et dans la taille (+ 140 cm).