Des éleveurs passionés

Pour la Flamande, les enjeux du troisième millénaire

Tant en France qu'à l'étranger, la grande diversité des races ne doit pas cacher les énormes différences de population qui les séparent et par voie de conséquence les espérances de progrès génétique très inégales dont elles disposent. Il est écrit que la majorité des races régionales et même celles de moyenne importance ne seront pas en mesure de suivre le rythme de productivité imposé par les races aux séIections internationales.

Est-ce à dire que ne se profile pour elles qu'un horizon obscurci par la menace d'une régression dont seules l'échéance ou la rapidité sont encore inconnues ? L'inquiétude est légitime car le risque est constant.

Certes, on arguera de l'adaptation des races à des conditions de milieux difficiles ou à des systèmes d'exploitations particuliers, de leur rattachement à des produits régionaux bien identifiés.

Habituellement d'actualité, ce raisonnement ne tient pas dans le cas d'une flamande évoluant dans une zone très productive, sans contraintes de milieux, en concurrence directe avec les races les plus performantes et dont le lait est noyé dans un marché global non valorisant.

Comme toutes les races placées dans des conditions similaires, la flamande reste donc fragile.

Faut-il pour autant s'en alarmer? sûrement pas.

Baignant de longue date dans une adversité quotidienne, les éleveurs flamands qui ne se formalisent plus de leurs handicaps ont pris l'habitude de se retrouver dans les moments de forte turbulence.

Ils ne craignent plus la condescendance suffisante de leurs collègues utilisateurs de grandes races, à qui il n'a souvent suffi à leurs yeux que de profiter du travail de sélectionneurs de l'étranger plus efficaces qu'eux.

Ils ont en revanche compris que l'avenir de la race tenait à la passion qu'ils mettraient à sa défense et au professionnalisme qu'ils déploieraient dans sa sélection et dans la conduite de leurs grands projets de demain.

Pour la prochaine décennie, ils visent la reconquête des fromages des régions Nord Pas de Calais et Picardie qui doivent tous leur création et leur histoire à la vache flamande.

De toute évidence, l'avenir de la flamande se jouera sur la fin de la banalisation de son lait, sur la valorisation des produits régionaux auxquels elle est liée.

Ce processus enclenché, l'adhésion du grand public et du consommateur au développement de produits régionaux authentiques, l'appui de la collectivité aux éleveurs, principaux acteurs garants du maintien de la biodiversité. Une région et une profession agricole toutes entières acquises à l'indispensable mise en valeur d'un patrimoine, contribueront à la pérennité de la flamande.

Mais, les éleveurs savent surtout que tout dépend d'eux, de leur enthousiasme, de l'imagination et des efforts dont ils seront capables pour ne pas replonger dans l'anonymat.

C'est sûrement dans cette prise de conscience que la vache flamande trouve ses meilleures chances pour son entrée dans le XXIème siècle naissant.