Rapport QUITTET

Il n'épargne pas la flamande

Juste après la guerre, la sélection flamande redémarre donc lentement avec notamment la tenue d'un premier concours spécial de la race à Cassel en 1949.

Mais dès 1943, puis en 1965, l'inspecteur général de l'agriculture Quittet semait le trouble dans les campagnes françaises avec un rapport préconisant une réduction du nombre de races exploitées en France à sa plus simple expression. Se référant au fait que trois races (Normande, Française Frisonne Pie Noire, Charolaise) se partageaient les deux tiers du cheptel français, il prévoit et souhaite la disparition prochaine de la plupart des races jugées insuffisamment performantes ou intéressantes et/ou manquant de potentiel de sélection.

Quittet élabore alors une véritable stratégie de suppression des races en recourant à des moyens à la hauteur des objectifs refus de taureaux à l'lA, interdiction de monte publique, fermeture des livres, arrêt des subventions, etc. Dans ce climat d'ostracisme, la flamande sans être fermement condamnée, n'est plus en odeur de sainteté.

Par chance, ses soutiens administratifs locaux, services du Ministère de l'Agriculture et Conseil Général du Nord ne se démentent pas. Essentiels dans cette situation de fragilité face à une concurrence inégale, ces appuis ont permis au Herd-Book d'abord et à l'UPRA plus tard, de toujours disposer d'un noyau de sélectionneurs tenaces.

En pleine opposition avec la Française Frisonne Pie Noire, la flamande devait aussi affronter la race Normande qui bénéficiait en France de soutiens appuyés et faisait en permanence l'objet de commentaires élogieux.

Le concours de la meilleure laitière inter-races tenu dans le cadre du Salon de l'Agriculture de Paris fut en ce sens très révélateur du traitement préférentiel accordé à la race Normande.

Créé en 1952, ce concours accordait dans son mode de calcul un poids exagéré à l'aspect fin en boucherie pénalisant d'autant la performance laitière et la flamande.

Quoique régulièrement moins productives, les Normandes accédaient ainsi immanquablement aux premières places.

On se souvient notamment de DOUCETTE de l'élevage Canesse de Neuville St Vaast, battue par la Normande HAVRAISE 2 malgré une nette supériorité de la production laitière et beurrière.

En 1952, DOUCETTE affichait 10 600 kg de lait à 38.85‰ de MG en 330 jours puis 10765 kg à 43.36‰ l'année suivante, sur la même durée.

Le concours sous cette forme, mettant aux prises des vaches de toutes races, fut interrompu en 1959, les livres généalogiques faisant valoir que l'on ne pouvait valablement comparer entre elles des vaches élevées dans des conditions très variables et aux spéculations si différentes.

A partir de 1964, apparaît dans ce concours devenu intra-race JOQUANTE, une vache marquante dans l'histoire de la flamande et dans celle de son élevage, la famille Lede Frères à St Pol sur Ternoise. Née en 1953, JOQUANTE qui va remporter à six reprises le titre de meilleure laitière, sera désignée meilleure laitière d'honneur et placée hors concours lors du salon 1970. Elle aura donné 12 veaux en 12 vèlages et atteint à 16 ans une production totale de 68 478 kg de lait. Sa descendance femelle n'aura pas la même consécration mais un de ses fils, TOPAZE, aura une forte influence sur l'élevage en donnant notamment naissance au grand champion CALVI.