Réorganisation

Une des premières UPRAs fonctionnant comme un Herd-Book

Comment à posteriori appré¬cier l'apport de la mise en place de l'UPRA sur la suite des événements?

On aurait vite tendance a juger ce changement-de structure totalement inopérant sur la crise traversée par la flamande et l'impasse dans laquelle elle se trouvait. En effet, l'UPRA continua au départ à fonctionner comme un Herd-Book avec un premier collège des éleveurs à la fois omniprésent et impuissant à peser sur la situation, avec un second collège uniquement occupé par un Centre d'Insémination Artificielle agissant ouvertement contre les intérêts de la race et un troisième collège des utilisateurs pour l'heure totalement inexistant.

Or, il est clair que cette évolution allait constituer une première étape dans le lent processus aboutissant à la stabilisation des effectifs de la race.

Le choix de lancer un véritable programme de testage des taureaux flamands témoigne de cette volonté nouvelle de gérer la race avec davantage de sérieux et d'engagement.

Une pression accrue des éleveurs sur l'URCEIA aboutit ainsi en 1972-1973 à l'admission à la taurellerie de Douai de quatre nouveaux taureaux : CALVI, ERGOT et EPI D'OR issus de l'ètable Lede et ALFRED produit de l'étable André Mouchie de Wormhout.

Malheureusement, cette tentative de généraliser le testage échoua pour deux raisons majeures, d'une part le dispositif prévoyait une évaluation des taureaux à partir d'un échantillon de 200 vaches, trop important compte tenu du nombre de taureaux de monte naturelle encore présents dans les exploitations et de la facilité d'accès aux doses importées et d'autre part, il imposait aux éleveurs de chaque type de consacrer une partie de leurs troupeaux indifféremment au testage de taureaux flamands laitiers ou Rouges Belges mixtes.

En fait, au nom de certitudes abruptes, chacun campera sur ses positions et rejettera sur l'autre la responsabilité de l'échec du programme.

Cette passerelle impossible entre les deux rameaux marquera également les concours de la race. Le Spécial d'Hazebrouck de 1962 sera le dernier concours organisé avec le seul type flamand. Ensuite, le Spécial de St Pol/Ternoise inaugurera la création de sections distinctes avec attribution de prix de championnat pour chacun des deux types.

Cette répartition sera également appliquée lors du Salon de l'Agriculture de Paris avec des expositions réduites à six animaux et composées à parts égales de sujets Rouges Belges et Flamands. La présélection des animaux pour le concours général agricole fera d'ailleurs l'objet d'âpres et de constantes négociations qui entretiendront le mauvais climat régnant dans l'association.

Les éleveurs des deux camps tomberont cependant d'accord sur la nécessaire utilisation en insémination du taureau pur danois JUPITER. Pour l'anecdote, ce taureau avait fait partie d'une présentation d'animaux réalisée au salon de Paris par les organisations de l'élevage danois.

JUPITER et six génisses gestantes étaient ainsi exposées au Salon de 1974 avec accord de reprise à l'issue du concours par des éleveurs français.

Les génisses furent rachetées par les élevages Pierre Painblan de Tilloy Hermaville (62), Gilbert Domont de Poulainville (80) et Lede de Saint Pol/Ternoise. La répartition entre acheteurs fut équitable puisque chaque éleveur reçut en définitive une génisse de qualité courante et l'autre qui deviendra une future championne de l'étable. Celle possédée par l'élevage Lede sera à l'origine du taureau d'lA VORACE. JUPITER dont l’acquisition avait été réalisée en copropriété par plusieurs élevages rouges belges intégra le CIA en 1976-1977. Il apporta d'excellents résultats notamment en richesse du lait en taux protéique et contribuera au maintien de vaches rouges dans beaucoup d'étables de la région.

Malgré l'appui des services régionaux du Ministère de l'Agriculture et notamment de Messieurs Jean Grillon et Pierre Cousin, l'encadrement de l'UPRA était impuissant face à un scénario devenu incontrôlable. Confrontés à cette spirale de l'échec, les techniciens successifs de l'UPRA Jean-Pierre Flament puis Jean-Claude Delmotte pour un trés court mandat et surtout Raymond Dejonghe (1967-1977) ne parvinrent en effet pas à enrayer la chute de la population parvenue malgré tous leurs efforts à un niveau inquiétant.

En l'espace d'une seule année, de 1972 à 1973, le nombre d'inséminations passe ainsi de 11 282 interventions à 8 876 soit une perte de 21% de l'activité. En 1974, l'UPRA ne compte plus que 43 adhérents dont 11 des Flandres.

Dès lors, la gravité de la situation exige des mesures d'urgence que se résout à prendre l'UPRA en 1977.